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La CDIP fête ses 125 ans

01/09/2022

Bref retour en arrière pour s’intéresser à l’histoire de la CDIP durant les années 90, au moment où la conférence intensifie sa collaboration.

L’intensification de la collaboration dans les années 90

Vue générale d’une séance des directrices et directeurs cantonaux de l’instruction publique à Berne; à droite figure l’inscription «125 ans coopération des cantons en matière d'éducation».
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Cette année, la CDIP fête ses 125 ans. Voici l’occasion de replonger dans l’histoire de la plus ancienne conférence des directeurs et directrices de Suisse, non en présentant la chronologie de la Conférence de façon exhaustive, mais en sélectionnant quelques décisions et événements. Le troisième article de cette série est consacré aux années 90.

Après s’être principalement concentrée sur l’école obligatoire durant les années 70 et 80, la CDIP étend ses travaux dans les années 90 à l’ensemble du système éducatif et pose un certain nombre de jalons politiques importants pour le domaine de la formation postobligatoire.

1990: la CDIP fait progresser la reconnaissance des diplômes

«La reconnaissance [des diplômes] sur le plan intercantonal [...] doit solliciter notre immédiate attention. Il serait difficile de prêcher la libre circulation des personnes dans une Europe en formation et refuser qu’un Thurgovien puisse – à titre équivalent – enseigner à Schaffhouse.»

Lors de l’assemblée annuelle des 25 et 26 octobre 1990 qui se tient à Zurich, le conseiller d’État neuchâtelois Jean Cavadini, alors président de la CDIP, relève ainsi que la reconnaissance des diplômes est l’une des tâches prioritaires devant être menées à bien au niveau intercantonal dans les années qui suivent. Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que le concordat scolaire de 1970 ne suffit pas pour concrétiser cette ambition. La nécessité d’adopter un nouvel accord s’impose rapidement.

Collage avec des articles de presse de 1991 portant sur l'accord de reconnaissance des diplômes de la CDIP
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Lors d'une conférence de presse qui se tient en octobre 1993, la CDIP annonce la mise en consultation de l'accord sur la reconnaissance des diplômes. Source: www.e-newspaperarchives.ch

Les travaux démarrent sans tarder. Après une procédure de consultation en 1991/1992, la CDIP adopte, le 18 février 1993, l’accord intercantonal sur la reconnaissance des diplômes de fin d’études, conjointement avec la conférence suisse des affaires sanitaires et celle des directeurs des affaires sociales. Ce concordat permet alors la reconnaissance à l’échelle nationale des diplômes et certificats dans les domaines de compétences qui relèvent des cantons, et donc également des diplômes d’enseignement pour tous les degrés.*

L’accord reçoit immédiatement un bon accueil. En 1995, 25 cantons y ont déjà adhéré, le dernier ayant suivi en 1996. Et c’est en 2000 que la CDIP prononce la première reconnaissance de filière basée sur cet accord.

* À l’époque, les cantons sont responsables des domaines santé, social et arts (SSA), des diplômes d’enseignement et de certains diplômes dans le domaine de la pédagogie spécialisée. L’accord sur la reconnaissance des diplômes régit également la reconnaissance des diplômes du secondaire II: à partir de 1995 sont reconnus les certificats de maturité gymnasiale (conjointement avec la Confédération), plus tard s’ajoutent les certificats des écoles de degré diplôme respectivement les certificats des écoles de culture générale. En 2005, la compétence pour la reconnaissance des diplômes du domaine santé, social et arts est transférée à la Confédération.

1992: la CDIP prépare l’introduction rapide des hautes écoles spécialisées

«Pour répondre à la demande croissante en personnel qualifié et pour assurer la reconnaissance des diplômes, les formations professionnelles supérieures, les écoles supérieures d’art visuel et les institutions de formation des enseignantes et enseignants devront être développées et promues en Hautes écoles spécialisées.»

Telle est la première des douze thèses formulées en lien avec la promotion des hautes écoles spécialisées et des maturités professionnelles, mises en consultation par la CDIP en 1992. Ces thèses ont été élaborées par un groupe de travail ad hoc, sous la conduite du conseiller d’État Hans Ulrich Stöckling (SG), qui assumera plus tard la fonction de président de la CDIP. C’est au travers de ces thèses que prend véritablement corps le projet de développer les formations professionnelles supérieures, de créer des hautes écoles spécialisées et d’introduire une «aptitude aux HES» (maturité professionnelle) reconnue à l’échelon national, projet soutenu de façon déterminante par la CDIP.

Lors de son assemblée annuelle des 29 et 30 octobre 1992, qui se tient à Saint-Moritz, la CDIP prend note que tous les cantons et l’ensemble des associations professionnelles consultées ont apporté leur soutien aux thèses qu’elle a proposées. La collaboration avec la Confédération, qui prépare une loi cadre pour les hautes écoles spécialisées dans son domaine de compétence**, est assurée. La Conférence se déclare alors favorable à l’«introduction rapide» de hautes écoles spécialisées en Suisse, comme elle l’annonce le 30 octobre 1992 par voie de communiqué de presse. Le 18 février 1993, la CDIP adopte les thèses.

Page de couverture du guide des hautes écoles spécialisées suisse publié en 2000; à droite une carte de la Suisse avec les sept hautes écoles spécialisées
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Le  «Guide des hautes écoles spécialisées suisses» (édition 1999/2000) de la CDIP détaille la restructuration du degré tertiaire en Suisse et présente les portraits des sept hautes écoles spécialisées.

L’introduction des hautes écoles spécialisées et de la maturité professionnelle est fondée sur une stratégie concertée qui a été mise en place au niveau fédéral et intercantonal. Il s’agit de la plus grande innovation des années 90 en matière de politique de la formation en Suisse.

**Répartition des  compétences: les cantons sont responsables de toutes les hautes écoles spécialisées et assument l’essentiel de leur financement. Pour ce qui est de la réglementation, les compétences sont, à l’époque, partagées entre les cantons et la Confédération comme suit: la Confédération réglemente (et donc subventionne) les filières d’études des domaines technique et architecture, économie et administration, agriculture et arts appliqués. Les cantons sont seuls responsables des autres domaines, à savoir les domaines santé, social et arts, la pédagogie (formation des enseignantes et enseignants) et d’autres formations. Des changements quant à la compétence de réglementation interviennent à partir de 2005.

1993: la CDIP tire le bilan de la mise en œuvre de ses recommandations sur l’égalité des sexes

«Dans les plans d’études et dans les programmes d’enseignement actuels de toutes les disciplines, les filles sont peu ou ne sont pas prises en considération dans leur identité de fille ou de future femme. [...] On sait combien les moyens d’enseignement reflètent les visions traditionnelles des rôles des sexes.»

Voilà l’un des constats formulés dans le rapport «Filles – Femmes – Formation. Vers l’égalité des droits», qui, au début des années 90, dresse un bilan de la mise en œuvre des recommandations adoptées par la CDIP en 1981 concernant l’égalité des chances de formation pour les filles et les garçons. Élaboré par un groupe de spécialistes, le rapport est présenté lors d’une conférence de presse qui se tient en janvier 1993.

Un cours d'économie familiale dans les années 80
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Dans les années 80 et 90, certains cantons font encore des différences entre les sexes dans leur offre de cours (p.ex. travaux à l’aiguille pour les filles et travaux manuels pour les garçons ). Crédit iconographique: bibliothèque de l’EPF de Zurich, archives photographiques lien

Les recommandations de 1981 proposaient les postulats suivants: même offre éducative à l’école obligatoire, coéducation, absence de rôles sociaux stéréotypés dans les plans d’études et les moyens d’enseignement, etc. Le bilan qui est dressé conclut que, du point de vue de l’égalité formelle, en particulier pour ce qui est de l’accès à une offre éducative identique et à la coéducation, une partie importante des postulats formulés dans les recommandations ont été réalisés. L’expertise menée indique cependant qu’il reste encore beaucoup à faire pour venir à bout des stéréotypes sexospécifiques et pour faire en sorte que l’école s’adapte à l’évolution de la famille.

Collage avec des articles de presse de 1993 portant sur l'égalité des chances à l'école
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Source: www.e-newspaperarchives.ch

À la suite de ces travaux, la CDIP adopte en 1993 de nouvelles recommandations concernant l’égalité des sexes dans le domaine de l’éducation et de la formation. Après celles de 1972 et de 1981, il s’agit là de la troisième série de recommandations portant sur cette thématique. En 1993, on observe une certaine relativisation de la coéducation. Si le principe lui-même n’est pas remis en question, il est toutefois admis de déroger à la mixité des classes «pour autant que l’égalité des deux sexes soit encouragée».

 

1994: la CDIP adopte un plan d’études cadre pour les gymnases

«On est en droit de s’étonner qu’un plan d’études cadre suisse ne soit édicté qu’à l’heure actuelle.»

C’est ainsi que le conseiller d’État bernois Peter Schmid, président de la CDIP en 1994, s’interroge dans la préface du plan d’études cadre pour les écoles de maturité que la Conférence vient de promulguer cette année-là.

Il est en effet surprenant que les seules directives nationales relatives à la reconnaissance des certificats de maturité – et, de ce fait, certaines directives qui définissent leur objectif ainsi que la liste des disciplines enseignées – proviennent d’une ordonnance de la Confédération, alors que les gymnases relèvent de la compétence des cantons. Or cette situation s’explique par des raisons historiques. Ce n’est qu’à partir des années 70 et en particulier dans les années 80 que la CDIP intensifie ses travaux en matière de formation gymnasiale et de politique gymnasiale. Elle commande la rédaction du rapport prospectif Enseignement secondaire de demain, appelle dans le cadre de thèses relatives à la réforme scolaire à une réduction des types de maturité ainsi que des disciplines proposées, et confie en 1987 le mandat de mettre au point un plan d’études cadre.

Page de couverture du plan d'études cadre pour les écoles de maturité
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Le plan d’études cadre pour les écoles de maturité de 1994

Quelque 250 enseignantes et enseignants au gymnase participent activement à l’élaboration de ce plan d’études cadre à partir de 1988, dans le cadre d’un travail de milice. La consultation qui a lieu en 1992 suscite un intérêt tout particulier et dénote un large soutien en faveur du projet. En même temps, on compte plus de 100 pages de propositions d’amélioration et de formulation. C’est en 1994 que la CDIP avalise le plan d’études cadre pour les écoles de maturité.

 

1995: la CDIP approuve la tertiarisation de la formation enseignante

«Les recommandations de la CDIP relatives à la formation des enseignantes et enseignants et aux hautes écoles pédagogiques ne vont pas seulement contribuer à une modernisation et à une coordination de la formation des maîtres en Suisse; elles sont importantes aussi pour le statut du corps enseignant.»

C’est par ces mots que la CDIP commente, dans son rapport annuel sur l’année 1995, l’adoption des recommandations relatives à la formation des enseignantes et enseignants et aux hautes écoles pédagogiques, qualifiant cette adoption d’étape remarquable franchie au cours de l’année en revue.

Par ces recommandations, la Conférence s’affiche clairement en faveur d’une tertiarisation de la formation enseignante, apportant ainsi une résolution à un débat national de longue date sur la manière dont les enseignantes et enseignants doivent être formés. Il est vrai qu’à ce moment-là, l’organisation de la formation menant à l’enseignement varie considérablement d’un canton à l’autre; nombreux sont ceux qui proposent encore cette formation dans le cadre d’écoles du degré secondaire II appelées «écoles normales». Si la CDIP a déjà grandement contribué, depuis les années 70, au développement de la formation (par des études prospectives, des thèses, des recommandations), elle a cependant toujours cherché à rester neutre sur les questions d’ordre structurel. Puis, au début des années 90, un changement de position s’opère finalement sous l’influence de deux facteurs notamment: d’une part l’Europe – la quasi-totalité des pays européens ayant opté pour une formation des enseignantes et enseignants au niveau haute école – et, d’autre part, l’idée de créer des hautes écoles spécialisées qui se fait jour à ce moment-là également.

Collage avec des articles de presse de 1995 portant sur la tertiarisation de la formation des enseignants
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Source: www.e-newspaperarchives.ch

La tertiarisation est pilotée par le biais de la reconnaissance intercantonale des diplômes, une reconnaissance qui se base sur l’accord de la CDIP y relatif, entré en vigueur peu de temps auparavant. Cette manière de procéder s’avère extrêmement efficace puisqu’en 2004, les quelque 150 établissements existants ont déjà été remplacés par treize hautes écoles pédagogiques.


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